Portrait #21 : l’artiste qui transforme les LEGO en œuvres d’art à scanner 🧱

Portrait #21 : l’artiste qui transforme les LEGO en œuvres d’art à scanner 🧱 - Tilipix

Salut qargo, peux-tu nous en dire plus sur la personne qui se cache derrière ce pseudonyme ? Ainsi que sur le choix de ce dernier ?

qargo est né d’un besoin impérieux de donner un sens nouveau à mon parcours, en reconnectant création artistique, mémoire affective et partage intergénérationnel. Après un parcours intense dans l’univers des startups, j’ai ressenti la nécessité de revenir à une forme d’expression plus essentielle, plus directe, plus incarnée. Le nom qargo résume ma trajectoire : QR code, Art, LEGO. Trois dimensions fondamentales de mon travail. Le LEGO, ce jouet universel et intergénérationnel, est devenu mon médium artistique exclusif, formidable outil de transmission. Le QR code, quant à lui, n’est pas un simple élément technologique : il est devenu un vecteur narratif, une passerelle interactive. Ensemble, ils m’ont permis d’inventer un langage visuel qui touche à la fois la mémoire, l’émotion et le sens.

Quel a été ton premier contact avec l’art urbain ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer là-dedans ?

L’art urbain m’a toujours captivé. Il interrompt le flux, provoque l’imprévu, ouvre un champ d’émotion au cœur du quotidien. En 2019, alors que j’étais en déplacement en Asie, j’ai découvert pour la première fois un QR code utilisé comme moyen de paiement dans une tour de Bangkok baptisée Pixel Tower. Ce fut une révélation. À cette époque, le QR code restait méconnu en Europe. Intrigué, j’ai cherché à connaître son origine, et c’est ainsi que j’ai découvert le parcours exceptionnel de son inventeur, Masahiro Hara. Une figure discrète mais visionnaire, que je considère comme un Gutenberg contemporain. J’ai alors eu une intuition : créer un QR code entièrement en LEGO. Une fois cette première expérimentation réussie, j’ai compris que je tenais là un outil inédit de transmission et de narration. Une œuvre pouvait désormais représenter un personnage d’un côté, et permettre, via le QR code au verso, de faire découvrir son histoire, ses valeurs, son impact. Cette idée m’a bouleversé. Elle ne m’a plus quitté.

Si tu devais définir ton style en 3 mots, lesquels seraient-ils ?

Accessible. Narratif. Intergénérationnel. Accessible, car chacun peut entrer dans mes œuvres sans barrière — le LEGO parle à tous, petits et grands. Narratif, car chaque création raconte un parcours, révèle des valeurs, transmet une mémoire. Intergénérationnel, car mon travail s’adresse à tous, de ceux qui ont grandi dans les années 80 à ceux qui découvrent aujourd’hui l’art via le digital. L’objectif est de créer un pont entre les générations, en mettant en lumière des récits inspirants et des figures universelles.

Peux-tu nous en dire plus sur ton processus de création ?

Chaque œuvre naît d’une rencontre : avec une figure qui m’inspire, un personnage — réel ou fictif — dont les valeurs ou le parcours résonnent en moi. Je collecte des visuels, je les observe, je cherche la posture, l’expression, l’intensité qui révélera le mieux l’essence de ce personnage. Je construis un visuel sur mesure, que je pixelise, colorise et retravaille jusqu’à obtenir une représentation fidèle à mon intention. Ensuite vient la phase d’assemblage : chaque brique LEGO est posée à la main, une par une. Une œuvre qargo peut contenir de quelques milliers à plus de 100 000 briques.

En parallèle, je génère un QR code unique qui renvoie à une page dédiée de mon site qargo.art. Cette page présente l’œuvre, son histoire, ses caractéristiques techniques, mais aussi une biographie originale du personnage représenté, écrite par mes soins, ainsi qu’un texte expliquant les couleurs, la construction, et les raisons qui ont guidé mes choix artistiques. C’est là que la dimension immersive prend tout son sens : l’œuvre physique devient une porte vers une histoire plus large, un espace d’exploration.

Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

Mon enfance, sans hésiter. J’ai grandi dans les années 80, bercé par les premières consoles, les jeux vidéo pixelisés, les séries animées japonaises. Cette culture visuelle m’a structuré. Le pixel est plus qu’un langage graphique : c’est une mémoire visuelle collective. Le Japon est une source continue d’émerveillement, de rigueur, de poésie discrète. Et bien sûr, la rencontre avec Masahiro Hara a été déterminante. J’ai mis plus d’un an et demi à le rencontrer, et lorsqu’enfin j’ai pu lui remettre une œuvre hommage à Tokyo, quelque chose s’est scellé. Une amitié sincère est née de cet échange. Son humilité m’inspire profondément.

Quel est pour toi le spot idéal pour coller tes œuvres ?

Je n’interviens pas dans l’espace public à proprement parler, mais je m’intéresse à tous les lieux où l’art peut venir à la rencontre du public. Les galeries inspirées par l’esthétique pop, les centres d’art tournés vers l’innovation, mais aussi les lieux plus inattendus : centres d’apprentissage, lieux de passage, musées ouverts. L’idée, c’est de créer une expérience accessible à tous, sans filtre ni élitisme. Le LEGO permet cela. Il facilite l’accès à l’art, il réveille la curiosité, il déclenche l’émotion.

Peux-tu nous raconter ta première oeuvre ?

Ma première œuvre a été dédiée à Masahiro Hara. Je voulais rendre hommage à celui dont l’invention a profondément transformé notre manière de transmettre. J’ai sculpté son portrait d’un côté, et, au dos, j’ai réalisé un QR code fonctionnel, entièrement en LEGO. Ce code renvoie vers une page dédiée retraçant son parcours, ses valeurs, son génie. Une fois l’œuvre achevée, j’ai tout mis en œuvre pour le rencontrer. Un an et demi plus tard, à Tokyo, je lui ai offert cette création. Ce fut un moment très fort. Depuis, nous restons en contact régulier. C’est une amitié née d’un geste artistique.

Où pouvons-nous découvrir tes oeuvres ?

Mes créations ont ou sont exposées dans plusieurs villes : Paris, Tokyo, Dubaï, Biarritz, Honfleur, Aix-en-Provence, Val d’Isère, Monaco, Bangkok, bientôt Fontainebleau et Séoul. Chaque lieu est une rencontre. Mon ambition est de continuer à faire voyager ma collection qargo, en France comme à l’international. Je suis particulièrement attiré par l’Asie, dont la culture résonne avec ma démarche.

Combien d’œuvres as-tu réalisées ?

À ce jour, j’ai réalisé une quarantaine d’œuvres. Certaines n’ont jamais été rendues publiques, soit parce qu’elles me semblaient inabouties, soit parce qu’elles ne répondaient pas pleinement à mes exigences esthétiques. D’autres ont été exposées en galerie, présentées en ligne sur Artsy et Artmajeur, ou encore acquises par des collectionneurs et des amateurs d’art sensibles à ma démarche. Chaque œuvre demande des dizaines, parfois des centaines d’heures de travail.

Quelle est ton œuvre préférée ?

Il est difficile de choisir, car chaque œuvre porte en elle une part de mon histoire et de mes convictions. Mais deux créations occupent une place toute particulière dans mon parcours.

L’œuvre qargo n°22, inspirée de Goldorak, est sans doute l’une des plus emblématiques. J’ai choisi de ne représenter que certains éléments clés — son visage et ses ailes dorées — dans une composition stylisée et semi-abstraite, presque en suspension. Ce détourage volontaire accentue la force symbolique du personnage, comme s’il s’apprêtait à surgir de l’espace pour défendre l’humanité. Les couleurs — bleu nuit, rouge intense, jaune solaire, vert métallique — traduisent l’héroïsme lumineux et la loyauté de ce robot mythique qui a marqué mon imaginaire d’enfant. Au dos, un QR code en LEGO invite à redécouvrir cette figure à travers une expérience numérique immersive. L’œuvre a été signée par Masahiro Hara lui-même, ce qui renforce encore sa portée émotionnelle et historique.

Je suis également très attaché à l’œuvre qargo n°5, consacrée au Doc Emmett Brown. Elle incarne l’audace visionnaire, la pensée libre, la capacité à défier les lois du possible. À travers son regard exalté, ses cheveux ébouriffés et l’intensité électrique des couleurs utilisées, cette pièce rend hommage à la puissance de l’imagination. Le QR code au verso agit comme un portail vers une réflexion plus large sur le génie, la science et l’avenir. Il s’y cache un clin dœil à sa fameuse unité d’énergie : 1,21 gigawatts. Cette œuvre est une célébration de ceux qui osent inventer demain.

Ces deux personnages, l’un guerrier, l’autre savant, incarnent à mes yeux des formes différentes de courage et de transmission. Et c’est précisément ce que je cherche à offrir à travers mes sculptures : des récits visuels forts, portés par des figures qui nous élèvent.

Quels sont tes projets artistiques et tes envies pour cette année ?

Ma prochaine exposition aura lieu cet été au CICA museum, un espace culturel unique situé à Gimpo, en Corée du Sud, dédié à l’expérimentation artistique. L’Asie occupe une place centrale dans mon inspiration. J’explore également des possibilités d’exposition à Tokyo, à Hong Kong, à Singapour. Partout où l’art peut devenir un langage partagé. L’un de mes projets serait d’organiser une nouvelle exposition commune avec Masahiro Hara, pour croiser nos regards sur la transmission, le code, la mémoire.

Ton rêve le plus fou ?

Faire surgir, dans l’espace public, une œuvre monumentale : un QR code géant entièrement réalisé en LEGO, associé à un portrait fort de sens. Une sculpture qui ne serait pas seulement spectaculaire, mais profondément signifiante — un signal, un repère, un totem. Implantée dans un lieu emblématique, elle incarnerait à la fois un hommage à une figure marquante, la célébration de la transmission et l’ouverture vers un univers narratif accessible à tous.

Plus qu’une œuvre, une trace tangible dans le paysage, pour rappeler que la modernité peut aussi servir la mémoire et les valeurs qui nous élèvent.

Et pour finir, quel artiste voudrais-tu que j’interviewe pour le prochain portrait ?

csrk.art, un artiste dont j’admire le travail, l’énergie visuelle et l’ancrage dans notre époque.

Comment te suivre (site, compte Instagram, pseudo Flasher…) ?

Je serai ravi de vous faire découvrir mon univers. Vous pouvez explorer la collection qargo et suivre mon actualité sur :

→ mon site : www.qargo.art

→ Instagram : @qargo.art

→ TikTok : @qargo.art

→ ou via mes galeries en ligne : Artsy et Artmajeur (liens attachés)

Chaque plateforme est une porte d’entrée vers une facette différente de mon travail, entre matière et narration.